Page:Michelet - La femme.djvu/291

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Celui-ci le maudit, et il le suit pourtant. Elle est si raisonnable, que, même en un tel jour, elle ne voudrait pas que l’on manquât à l’amitié. En réalité, c’est pour elle qu’on agit en ceci. Un usage antique et fort sage, c’était de laisser respirer un peu la mariée. Plût au ciel qu’on pût obtenir les trois jours d’abstinence que jadis on leur imposait (sauf échappées furtives). L’amour reprenait force et croissait de désir. Et elle, elle avait le temps de se remettre. La bonne nature répare vite, adoucit, raffermit. À quelle condition pourtant ? Qu’il y ait un peu de repos.

L’amour n’y perdait pas. On le voit au Cantique des cantiques. Car la vierge dolente, dès qu’elle n’était plus assiégée et persécutée, languissait d’être déjà veuve, voulait qu’il revînt à tout prix. Élan naïf et si touchant !… Elle était bien paisible jusque-là, cette chaste fille. Et pourquoi l’avez-vous troublée ? Ne riez pas, méchants ! mais aimez, adorez… La voilà éperdue (dans ce poëme ardent de Syrie) qui se lève la nuit, court le chercher dans les rues sombres, au risque de mauvaises rencontres… Protégez-la, conduisez-la. Ramenons-le plutôt, cet époux… Ah ! qu’il est heureux ! On ne se plaindra plus. La douleur de l’absence rendrait douce toute autre douleur.