Page:Michelet - La femme.djvu/334

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Elle est petite et elle est haute. Elle a des octaves de plus, dans le haut et dans le bas. C’est une lyre plus étendue que la tienne, mais non complète ; car elle n’est pas bien forte dans les cordes du milieu.

Elle atteint dans le menu des choses qui nous échappent. D’autre part, en certains moments, elle voit par-dessus nos têtes, perce l’avenir, l’invisible, pénètre à travers les corps dans le monde des esprits.

Mais la faculté pratique qu’elle a pour les petites choses, et la faculté sibyllique qui parfois la mène aux grandes, ont rarement un milieu fort, calme, harmonique, où elle puisse se rencontrer, se féconder. Chez la plupart, elles alternent rapidement sans transition, selon l’époque du mois. La poésie tombe à la prose, la prose monte à la poésie, souvent par brusques orages, par coups subits de mistral. C’est le climat de Provence.




Un illustre raisonneur rit des facultés sibylliques. Il nie cette puissance si incontestable. Pour la déprécier, il semble confondre l’inspiration spontanée de la femme avec le somnambulisme, état dangereux, maladif, d’asservissement nerveux, que lui impose le