Page:Michelet - La femme.djvu/335

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plus souvent l’ascendant de l’homme. Il demande le cas qu’on peut faire d’une faculté si incertaine, « d’ailleurs physique et fatale. »

L’inspiration, je le sais, même la plus spontanée, n’est pas libre entièrement ; elle est toujours mixte, et marquée d’un peu de fatalité. Si, pour cela, on la dégrade, il faudra dire que les artistes éminents ne sont pas hommes. Il faudra apparemment renvoyer avec les femmes Rembrandt, Mozart et Corrége, Beethoven, Dante, Shakspeare, Pascal, tous les grands écrivains. Est-il bien sûr que ceux même qui croient exclusivement s’appuyer de la logique, ne donnent rien à cette puissance féminine de l’inspiration ? J’en trouve la trace jusque chez les plus déterminés raisonneurs. Pour peu qu’ils deviennent artistes, ils tombent, à leur insu, sous la baguette de cette fée.

On ne peut dire (comme Proudhon) que la femme n’est que réceptive. Elle est productive aussi par son influence sur l’homme, et dans la sphère de l’idée, et dans le réel. Mais son idée n’arrive guère à la forte réalité. C’est pourquoi elle crée peu.

La politique lui est généralement peu accessible. Il y faut un esprit générateur et très-mâle. Mais elle a le sens de l’ordre, et elle est très-propre à l’administration.

Les grandes créations de l’art semblent jusqu’ici