Page:Michelet - La femme.djvu/336

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lui être impossibles. Toute œuvre forte de la civilisation est un fruit du génie de l’homme.

On a fait fort sottement de tout cela une question d’amour-propre. L’homme et la femme sont deux êtres incomplets et relatifs, n’étant que deux moitiés d’un tout. Ils doivent s’aimer, se respecter.

Elle est relative. Elle doit respecter l’homme, qui crée tout pour elle. Elle n’a pas un aliment, pas un bonheur, une richesse, qui ne lui vienne de lui.

Il est relatif. Il doit adorer, respecter la femme, qui fait l’homme, le plaisir de l’homme, qui par l’aiguillon de l’éternel désir a tiré de lui, d’âge en âge, ces jets de flammes qu’on appelle des arts, des civilisations. Elle le refait chaque soir, en lui donnant tour à tour les deux puissances de vie : — en l’apaisant, l’harmonie ; — en l’ajournant, l’étincelle.

Elle crée ainsi le créateur. Et il n’est rien de plus grand.




Je ne reproche pas à la femme de ne point donner les choses pour lesquelles elle n’est pas faite. Je l’accuse seulement de sentir parfois trop exclusivement sa haute et charmante noblesse, et de ne pas tenir compte du monde de création, du sens généra-