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I

NAISSANCE — RETOUR DE LA NOURRICE

Dans mon plus lointain souvenir, qui remonte, si je ne me trompe, à mon âge de quatre ou cinq ans, je me vois assise auprès d’une jeune dame, sérieuse, assidue au travail, et qui me surveillait de près. Sa figure, belle et sévère, imposait par des yeux pâles, d’un bleu tout particulier, qu’on voit peu dans notre midi, le regard de ceux qui jeunes ont vu de vastes pays, les savanes ou les grands fleuves. — Cette dame, c’était ma mère, Anglaise de la Louisiane, que le mariage avait transplantée à Montauban des bords du Mississipi.

Je n’avais pas eu l’avantage d’être allaitée par elle. La panique d’un incendie lui ayant fait perdre son lait, j’avais été mise en nourrice chez