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LA GAULE SOUS L’EMPIRE

La guerre fut plus sérieuse dans la Belgique et la Batavie. Toutefois, la Belgique se soumit encore ; la Batavie résista dans ses marais. Le général romain Céréalis, deux fois surpris, deux fois vainqueur, finit la guerre en gagnant Velléda et Civilis. Celui-ci prétendit n’avoir pas pris originairement les armes contre Rome, mais seulement contre Vitellius, et pour Vespasien.

Cette guerre ne fit que montrer combien la Gaule était déjà romaine. Aucune province, en effet, n’avait plus promptement, plus avidement reçu l’influence des vainqueurs[1]. Dès le premier aspect, les deux contrées, les deux peuples avaient semblé moins se connaître que se revoir et se retrouver. Ils s’étaient précipités l’un vers l’autre. Les Romains fréquentaient les écoles de Marseille, cette petite Grèce[2], plus sobre et plus modeste que l’autre[3], et qui se trouvait à leur porte. Les Gaulois passaient les Alpes en foule, et non seulement avec César sous les aigles des légions, mais comme médecins[4], comme rhéteurs. C’est déjà le génie de Montpellier, de Bordeaux, Aix, Toulouse, etc. ; tendance toute positive, toute pratique ; peu de philosophes. Ces Gaulois du Midi (il ne peut s’agir encore de ceux du Nord), vifs, intrigants, tels que nous les voyons toujours, devaient faire fortune et comme beaux parleurs et comme mimes : ils donnèrent à Rome son Roscius. Cependant ils réussissaient dans

  1. App. 13.
  2. App. 14.
  3. App. 15.
  4. Pline en cite trois qui eurent une vogue prodigieuse au premier siècle ; l’un d’eux donna un million pour réparer les fortifications de sa ville natale.