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DÉCADENCE DE L’EMPIRE

dix-huit-mille[1]. L’armée avec laquelle il vainquit Maxence devait appartenir en grande partie à cette dernière province.

Les lois de Constantin sont celles d’un chef de parti qui se présente à l’Empire comme un libérateur, un sauveur : « Loin ! s’écrie-t-il, loin du peuple les mains rapaces des agents fiscaux[2] ! tous ceux qui ont souffert de leurs concussions peuvent en instruire les présidents des provinces. Si ceux-ci dissimulent, nous permettons à tous d’adresser leurs plaintes à tous les comtes de province ou au préfet du prétoire, s’il est dans le voisinage, afin qu’instruit de tels brigandages, nous les fassions expier par les supplices qu’ils méritent. »

Ces paroles ranimèrent l’Empire. La vue seule de la croix triomphante consolait déjà les cœurs. Ce signe de l’égalité universelle donnait une vague et immense espérance. Tous croyaient arrivée la fin de leurs maux.

Cependant le christianisme ne pouvait rien aux souffrances matérielles de la société. Les empereurs chrétiens n’y remédièrent pas mieux que leurs prédécesseurs. Tous les essais qui furent faits n’aboutirent qu’à montrer l’impuissance définitive de la loi. Que pouvait-elle, en effet, sinon tourner dans un cercle sans issue ? Tantôt elle s’effrayait de la dépopulation, elle essayait d’adoucir le sort du colon, de le protéger contre le propriétaire[3], et le propriétaire criait qu’il ne

  1. Eumène. Une grande partie du territoire d’Autun était sans culture.
  2. App. 22.
  3. App. 23.