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HISTOIRE DE FRANCE

contraire est arrivé ; plus cette race s’est isolée, plus elle a conservé son originalité primitive, et plus elle a tombé et déchu. Rester original, se préserver de l’influence étrangère, repousser les idées des autres, c’est demeurer incomplet et faible. Voilà aussi ce qui a fait tout à la fois la grandeur et la faiblesse du peuple juif. Il n’a eu qu’une idée, l’a donnée aux nations, mais n’a presque rien reçu d’elles ; il est toujours resté lui, fort et borné, indestructible et humilié, ennemi du genre humain et son esclave éternel. Malheur à l’individualité obstinée qui veut être à soi seule, et refuse d’entrer dans la communauté du monde.

Le génie de nos Celtes, je parle surtout des Gaëls, est fort et fécond, et aussi fortement incliné à la matière, à la nature, au plaisir, à la sensualité. La génération et le plaisir de la génération tiennent grande place chez ces peuples. J’ai parlé ailleurs des mœurs des Gaëls antiques et de l’Irlande ; la France en tient beaucoup ; le Vert galant est le roi national. C’était chose commune au moyen âge en Bretagne d’avoir une douzaine de femmes[1]. Ces gens de guerre, qui se louaient partout[2], ne craignaient pas de faire des soldats. Partout chez les nations celtiques les bâtards succédaient, même comme rois, comme chefs de clan. La femme, objet du plaisir, simple jouet de volupté, ne semble pas avoir eu chez ces peuples la même dignité que chez les nations germaniques[3].

Ce génie matérialiste n’a pas permis aux Celtes de

  1. App. 48.
  2. App. 49.
  3. App. 50.