Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
HISTOIRE DE FRANCE

avec la mort : « Je ne dors jamais, dit leur proverbe, que je ne meure de mort amère. » Et à celui qui passe sur une tombe : « Retirez-vous de dessus mon trépassé ! » « La terre, disent-ils encore, est trop vieille pour produire. »

Ils n’ont pas grand sujet d’être gais ; tout a tourné contre eux. La Bretagne et l’Écosse se sont attachées volontiers aux partis faibles, aux causes perdues. Les chouans ont soutenu les Bourbons, les highlanders les Stuarts. Mais la puissance de faire des rois s’est retirée des peuples celtiques depuis que la mystérieuse pierre, jadis apportée d’Irlande en Écosse, a été placée à Westminster[1].

De toutes les populations celtiques, la Bretagne est la moins à plaindre, elle a été associée depuis longtemps à l’égalité. La France est un pays humain et généreux. — Les Kymry de Galles encore ont été, sous leurs Tudors (depuis Henri VIII), admis à partager les droits de l’Angleterre. Toutefois c’est dans des torrents de sang, c’est par le massacre des Bardes que l’Angleterre préluda à cette heureuse fraternité. Elle est peut-être plus apparente que réelle[2]. — Que dire de la Cornouailles, si longtemps le Pérou de l’Angleterre, qui ne voyait en elle que ses mines ? Elle a fini par perdre sa langue : « Nous ne sommes plus que quatre ou cinq qui parlons la langue du

  1. App. 58.
  2. Les Tudors ont mis le dragon gallois dans les armes d’Angleterre, que les Stuarts ont ensuite ornées du triste chardon de l’Écosse ; mais les farouches léopards ne les ont pas admis sur le pied de l’égalité, pas plus que la harpe irlandaise.