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CARLOVINGIENS

en Touraine par les hommes de saint Martin de Tours. Son oncle Rémistan, qui l’avait abandonné, puis soutenu de nouveau, fut pris et pendu par les Francs. Guaifer lui-même fut enfin assassiné par les siens, dont la mobilité se lassait sans doute d’une guerre glorieuse, mais sans espoir. Pepin, triomphant par la perfidie, se vit donc enfin seul maître de toutes les Gaules, tout-puissant dans l’Italie par l’humiliation des Lombards, tout-puissant dans l’Église par l’amitié des papes et des évêques, auxquels il transféra presque toute l’autorité législative. Sa réforme de l’Église par les soins de saint Boniface, les nombreuses translations de reliques dont il dépouilla l’Italie pour enrichir la France, lui firent un honneur infini. Lui-même paraissait dans les cérémonies solennelles, portant les reliques sur ses épaules, celles entre autres de saint Austremon et de saint Germain des Prés[1].

Charles[2], fils et successeur de Pepin (768), se trouva bientôt seul maître de l’empire par la mort de son frère Carloman, comme l’avaient été Pepin-l’Ancien par celle de Martin, et Pepin-le-Bref par la retraite du premier Carloman. Les deux frères avaient étouffé sans peine la guerre qui se rallumait en Aquitaine. Le vieil Hunald, sorti de son couvent au bout de vingt-trois ans, essaya en vain de venger son fils et d’affranchir son pays. Il fut livré lui-même par un fils de ce frère,

  1. App. 119.
  2. On dit communément que Charlemagne est la traduction de Carolus Magnus. « Challemaines si vaut autant comme grant Challes. » — Charlemagne n’est qu’une corruption de Carloman, Karl-mann, l’homme fort. App. 120.