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CARLOVINGIENS

plane sur le mourant qui promet un cadavre. Une fois deux cents barques armées fondent sur la Frise, se remplissent de butin, disparaissent. Cependant Charlemagne assemblait des « hommes » pour les repousser. Autre invasion : « L’Empereur assemble des hommes en Gaule, en Germanie[1], » et bâtit dans la Frise la ville d’Esselfeld. Athlète malheureux, il porte lentement la main à ses blessures, pour parer les coups déjà reçus.

« Le roi des Northmans, Godfried, se promettait l’empire de la Germanie. La Frise et la Saxe, il les regardait comme à lui. Les Abotrites ses voisins, déjà il les avait soumis et rendus tributaires ; il se vantait même qu’il arriverait bientôt avec des troupes nombreuses jusqu’à Aix-la-Chapelle, où le roi tenait sa cour. Quelque vaines et légères que fussent ces menaces, on n’y refusait pas cependant toute croyance ; on pensait qu’il aurait hasardé quelque chose de ce genre, s’il n’avait été prévenu par une mort prématurée[2]. »

Le vieil Empire se met en garde ; des barques armées ferment l’embouchure des fleuves ; mais comment fortifier tous les rivages ? Celui même qui a rêvé l’unité est obligé, comme Dioclétien, de partager ses États pour les défendre ; l’un de ses fils gardera l’Italie, l’autre l’Allemagne, le dernier l’Aquitaine. Mais tout tourne contre Charlemagne ; ses deux aînés meurent, et il faut qu’il laisse ce faible et immense Empire aux mains pacifiques d’un saint.

  1. App. 145.
  2. App. 146.