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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

Mais il fallait des chefs contre l’empereur ; ce furent ses propres fils. Dès le commencement de son règne, il leur avait donné, avec le titre de roi, deux provinces frontières à gouverner et à défendre, à Louis la Bavière, à Pepin l’Aquitaine, les deux barrières de l’Empire. L’aîné, Lothaire, devait être empereur, avec la royauté d’Italie. Quand Louis eut un fils de Judith, il donna à cet enfant, nommé Charles, le titre de roi d’Alamanie (Souabe et Suisse). Cette concession ne changeait rien aux possessions des princes, mais beaucoup à leurs espérances. Ils prêtèrent leur nom à la conjuration des grands. Ceux-ci refusèrent de faire marcher leurs hommes contre les Bretons, dont Louis voulait réprimer les ravages. L’empereur se trouva seul, Franc de naissance, mais gouverné par un Aquitain, il ne fut soutenu ni du Midi ni du Nord ; nous avons déjà vu Brunehaut succomber dans cette position équivoque. Le fils aîné, Lothaire, se crut déjà empereur ; il chassa Bernard, enferma Judith, jeta son père dans un monastère ; pauvre vieux Lear, qui, parmi ses enfants, ne trouva point de Cordelia.

Cependant ni les grands, ni les frères de Lothaire n’étaient disposés à se soumettre à lui. Empereur pour empereur, ils aimaient mieux Louis. Les moines, qui le tenaient captif, travaillèrent à son rétablissement. Les Francs s’aperçurent que le triomphe des enfants de Louis leur ôtait l’Empire ; les Saxons, les Frisons, qui lui devaient leur liberté, s’intéressèrent pour lui. Une diète fut assemblée à Nimègue au milieu des peuples qui le soutenaient. « Toute la Germanie y