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HISTOIRE DE FRANCE

Livre bien difficile, où, dans tous les dialectes, tous les âges de cette langue, sont exposés les symboles, les formules dont les Allemagnes si diverses ont consacré les grands actes de la vie humaine (naissance, mariage et mort, testament, vente, hommage, etc.). Je raconterai un jour la passion incroyable avec laquelle j’entrepris de comprendre et traduire ce livre. Je ne m’y renfermai pas. De nation à nation, j’allai ramassant partout, j’allai de l’Indus à l’Irlande, des Védas et de Zoroastre jusqu’à nous, thésaurisant ces formules primitives où l’humanité révèle si naïvement tant de choses intimes et profondes (1837).

Cela me fit un autre homme. Une transformation étrange s’opéra en moi ; il me semblait que, jusque-là âpre et subtil, j’étais vieux, et que peu à peu, sous l’influence de la jeune humanité, moi aussi je devenais jeune. Rafraîchi de ces eaux vives, mon cœur fut un jardin de fleurs, comme dans la rosée du matin. Oh ! l’aurore ! oh ! la douce enfance ! oh ! bonne nature naturelle ! quelle santé cela fit en moi, après les desséchements de ma subtilité mystique ! comme elle m’apparut maigre, cette poésie byzantine, malade et stérile, étique ! Je la ménageais encore. Mais qu’elle me semblait pauvre en présence de l’humanité ! Je la