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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

Louis et Charles à prendre possession qu’après leur avoir demandé s’ils voulaient régner d’après les exemples de leur frère détrôné ou selon la volonté de Dieu. Les rois ayant répondu qu’autant que Dieu le mettrait en leur pouvoir et à leur connaissance, ils se gouverneraient, eux et leurs sujets, selon sa volonté, les évêques dirent : « Au nom de l’autorité divine, prenez le royaume et le gouvernez selon la volonté de Dieu ; nous vous le conseillons, nous vous y exhortons, et vous le commandons. Les deux frères choisirent chacun douze des leurs (j’étais du nombre), et s’en référèrent, pour partager entre eux le royaume, à leur décision. »

Ce qui assura la supériorité à Charles et Louis, c’est que Lothaire et Pépin ayant essayé de s’appuyer sur les Saxons et les Sarrasins, l’Église se déclara contre eux. Il fallut bien que Lothaire se contentât du titre d’empereur sans en exercer l’autorité. « Les évêques ayant tous été d’avis que la paix régnât entre les trois frères, les rois firent venir les députés de Lothaire, et lui accordèrent ce qu’il demandait. Ils passèrent quatre jours et plus à partager le royaume. On arrêta enfin que tout le pays situé entre le Rhin et la Meuse[1],

  1. « Tous les peuples qui habitaient entre la Meuse et la Seine envoyèrent des messagers à Charles (840), lui demandant de venir vers eux avant que Lothaire occupât leur pays, et lui promettant d’attendre son arrivée. Charles, accompagné d’un petit nombre de gens, se hâta de se mettre en route, et arriva d’Aquitaine à Kiersy ; il y reçut avec bienveillance les gens qui vinrent à lui de la forêt des Ardennes et des pays situés au-dessous. Quant à ceux qui habitaient au delà de cette forêt, Herenfried, Gislebert, Bovon et d’autres, séduits par Odulf, manquèrent à la fidélité qu’ils avaient jurée. » (Nithard.)