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HISTOIRE DE FRANCE

lui être plus funestes qu’utiles ; les peuples détestèrent l’ami des barbares, et lui imputèrent leurs ravages. Livré à Charles-le-Chauve par le chef des Gascons, souvent prisonnier, souvent fugitif, il n’établit que l’anarchie.

La famille de Lothaire ne fut guère plus heureuse. À sa mort (855), son aîné, Louis II, fut empereur ; les deux autres, Lothaire II et Charles, roi de Lorraine (provinces entre Meuse et Rhin) et roi de Provence. Charles mourut bientôt, Louis, harcelé par les Sarrasins, prisonnier des Lombards, fut toujours malheureux, malgré son courage. Pour Lothaire II, son règne semble l’avènement de la suprématie des papes sur les rois. Il avait chassé sa femme Teutberge pour vivre avec la sœur de l’archevêque de Cologne, nièce de celui de Trêves, et il accusait Teutberge d’adultère et d’inceste. Elle nia longtemps, puis avoua, sans doute intimidée. Le pape Nicolas Ier, à qui elle s’était adressée d’abord, refusa de croire à cet aveu. Il força Lothaire de la reprendre. Lothaire vint se justifier à Rome, et y reçut la communion des mains d’Adrien II. Mais celui-ci l’avait en même temps menacé, s’il ne changeait, de la punition du ciel. Lothaire mourut dans la semaine, la plupart des siens dans l’année. Charles-le-Chauve et Louis-le-Germanique profitèrent de ce jugement de Dieu ; ils se partagèrent les États de Lothaire.

Le roi de France au contraire fut, au moins dans les premiers temps, l’homme de l’Église. Depuis que cette contrée avait échappé à l’influence germanique, l’Église