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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

roi, se trouvent également condamnés par ces graves paroles. Ce roi, qui n’est rien sans l’Église, ne sera que plus faible en s’en séparant. Il peut disposer de quelques évêchés, humilier les évêques[1], opposer le pape de Rome au pape de Reims. Il peut accumuler de vains titres, se faire couronner roi de Lorraine et partager avec les Allemands le royaume de son neveu Lothaire II ; il n’en est pas plus fort. Sa faiblesse est au comble quand il devient empereur. En 875, la mort de son autre neveu, Louis II, laissait l’Italie vacante, ainsi que la dignité impériale. Il prévient à Rome les fils de Louis-le-Germanique, les gagne de vitesse, et dérobe pour ainsi dire le titre d’empereur. Mais le jour même de Noël où il triomphe dans Rome sous la dalmatique grecque[2], son frère, maître un instant de la Neustrie, triomphe lui aussi dans le propre palais de Charles ; le pauvre empereur s’enfuit d’Italie à l’approche d’un de ses neveux, et meurt de maladie dans un village des Alpes (877)[3].

Son fils, Louis-le-Bègue, ne peut même conserver l’ombre de puissance qu’avait eue Charles-le-Chauve. L’Italie, la Lorraine, la Bretagne, la Gascogne, ne veulent point entendre parler de lui. Dans le nord même de la France, il est obligé d’avouer aux prélats et aux grands qu’il ne tient la couronne que de l’élection[4]. Il vit peu, ses fils encore moins. Sous l’un d’eux, le jeune Louis, l’annaliste jette en passant cette parole

  1. App. 178.
  2. App. 179.
  3. Suivant l’annaliste de Saint-Bertin, il fut empoisonné par un médecin juif.
  4. App. 180.