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HISTOIRE DE FRANCE

d’entrer dans l’examen spécial, comparer l’impression que ces anciens noms produisent sur l’oreille avec le caractère harmonique de la langue basque ; 3o examiner si ces anciens noms s’accorderaient avec les noms de lieux des provinces où l’on parle le basque aujourd’hui. Cet accord peut montrer, lors même qu’on ne trouverait pas le sens du nom, que des circonstances analogues ont tiré d’une langue identique les mêmes noms pour différents lieux.

Il a été conduit aux résultats suivants :

« 1o Le rapprochement des anciens noms de lieux de la péninsule ibérienne avec la langue basque montre que cette langue était celle des Ibères, et comme ce peuple paraît n’avoir eu qu’une langue, peuples ibères et peuples parlant le basque sont des expressions synonymes.

« 2o Les noms de lieux basques se trouvent sur toute la Péninsule sans exception, et, par conséquent, les Ibères étaient répandus dans toutes les parties de cette contrée.

« 3o Mais dans la géographie de l’ancienne Espagne, il y a d’autres noms de lieux qui, rapprochés de ceux des contrées habitées par les Celtes, paraissent d’origine celtique ; et ces noms nous indiquent, au défaut de témoignage historique, les établissements des Celtes mêlés aux Ibères.

« 4o Les Ibères non mêlés de Celtes habitaient seulement vers les Pyrénées, et sur la côte méridionale. Les deux races étaient mêlées dans l’intérieur des terres, dans la Lusitanie et dans la plus grande partie des côtes du Nord.

« 5o Les Celtes ibériens se rapportaient, pour le langage, aux Celtes, d’où proviennent les anciens noms de lieux de la Gaule et de la Bretagne, ainsi que les langues encore vivantes en France et en Angleterre. Mais vraisemblablement ce n’étaient point des peuples de pure souche gallique, rameaux détachés d’une tige qui restât derrière eux ; la diversité de caractère et d’institution témoigne assez qu’il n’en est pas ainsi. Peut-être furent-ils établis dans les Gaules à une époque anté-historique, ou du moins ils y étaient établis bien avant (avant les Gaulois ?). En tous cas, dans leur mélange avec les Ibères, c’était le caractère ibérien qui prévalait, et non le caractère gaulois, tel que les Romains nous l’ont fait connaître.

« 6o Hors de l’Espagne, vers le Nord, on ne trouve pas trace des Ibères, excepté toutefois dans l’Aquitaine ibérique, et une partie de la côte de la Méditerranée. Les Calédoniens nommément appartenaient à la race celtique, non à l’ibérienne.