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ÉCLAIRCISSEMENTS

une personne lettrée ; feadha, bois ou arbre, devient la désignation des prophètes, ou hommes sages. De même, en sanskrit, bôd’hi signifie le figuier indien, et le bouddhiste, le sage.

Les monuments celtiques ne semblent pas avoir été consacrés exclusivement au culte. C’était sur une pierre qu’on élisait le chef de clan (Voy. p. 126, App. 58). Les enceintes de pierres servaient de cours de justice. On en a trouvé des traces en Écosse, en Irlande, dans les îles du Nord (King, I, 147 ; Martin’s Descr. of the Western isles), mais surtout en Suède et en Norvège. Les anciens poèmes erses nous apprennent en effet que les rites druidiques existaient parmi les Scandinaves, et que les druides bretons en obtinrent du secours dans le danger (Ossian’s Cathlin, II, p. 216, not. édit. 1765, t. II ; Warton, t. I).

Le plus vaste cercle druidique était celui d’Avebury ou Abury, dans le Wiltshire. Il embrassait vingt-huit acres de terre entourés d’un fossé profond et d’un rempart de soixante-dix pieds. Un cercle extérieur, formé de cent pierres, enfermait deux autres cercles doubles extérieurs l’un à l’autre. Dans ceux-ci, la rangée extérieure contenait trente pierres, l’intérieure douze. Au centre de l’un des cercles étaient trois pierres, dans l’autre une pierre isolée ; deux avenues de pierres conduisaient à tout le monument (Voy. O’Higgin’s, Celtic druids).

Stonehenge, moins étendu, indiquait plus d’art. D’après Waltire, qui y campa plusieurs mois pour l’étudier (on a perdu les papiers de cet antiquaire enthousiaste, mais plein de sagacité et de profondeur), la rangée extérieure était de trente pierres droites ; le tout, en y comprenant l’autel et les impostes, se montait à cent trente-neuf pierres. Les impostes étaient assurées par des tenons. Il n’y a pas d’autre exemple dans les pays celtiques du style trilithe (sauf deux à Holmstad et à Drenthiem).

Le monument de Classerness, dans l’île de Lewis, forme, au moyen de quatre avenues de pierres, une sorte de croix dont la tête est au sud, la rencontre des quatre branches est un petit cercle. Quelques-uns croient y reconnaître le temple hyperboréen dont parlent les anciens. Ératosthènes dit qu’Apollon cacha sa flèche là où se trouvait un temple ailé.

Je parlerai plus loin des alignements de Carnac et de Loc-Maria-Ker (t. II. Voyez aussi le Cours de M. Caumont, I, p. 105).

Il est resté en France des traces nombreuses du culte des pierres, soit dans les noms de lieux, soit dans les traditions populaires :

1o On sait qu’on appelait pierre fiche ou fichée (en celtique,