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HISTOIRE DE FRANCE

de la tribu des Cambriens, et aussi les trois Armées d’argent, parce qu’elles emportèrent de l’île tout l’or et l’argent qu’elles purent obtenir par la fraude, par l’artifice et par l’injustice, outre ce qu’elles acquirent par droit et par consentement. Elles furent aussi nommées les trois Armements irréfléchis, vu qu’elles affaiblirent l’île au point de donner occasion aux trois grandes invasions, savoir : l’invasion des Coraniens, celle des Césariens et celle des Saxons.

Voici les trois perfides rencontres qui eurent lieu dans l’île de Bretagne. — La première fut celle de Mandubratius, le fils de Lludd, et de ceux qui trahirent avec lui. Il fixa aux Romains une place sur l’étroite extrémité verte pour y aborder ; rien de plus. Il n’en fallut pas davantage aux Romains pour gagner toute l’île. La seconde fut celle des Cambriens nobles et des Saxons… sur la plaine de Salisbury, où fut tramé le complot des Longs-Couteaux, par la trahison de Vortigern ; car c’est par son conseil qu’à l’aide des Saxons presque tous les notables des Cambriens furent massacrés. La troisième fut l’entrevue de Medrawd et d’Iddawg Corn Prydain avec leurs hommes à Nanhwynain, où ils conspirèrent contre Arthur, et par ces moyens fortifièrent les Saxons dans l’île de Bretagne.

Les trois insignes traîtres de l’île de Bretagne. — Le premier, Mandubratius, fils de Lludd, fils de Beli-le-Grand, qui, invitant Jules César et les Romains à venir en cette île, causa l’invasion des Romains. Lui et ses hommes se firent les guides des Romains, desquels ils reçurent annuellement une quantité d’or et d’argent. C’est pourquoi les habitants de cette île furent contraints de payer en tribut annuel, aux Romains, 3,000 pièces d’argent jusqu’au temps d’Owain, fils de Maxime, qui refusa de payer le tribut. Sous prétexte de satisfaction, les Romains emmenèrent de l’île de Bretagne la plupart des hommes capables de porter les armes et les conduisirent en Aravie (Arabie), et en d’autres contrées lointaines d’où ils ne sont jamais revenus. Les Romains, qui étaient en Bretagne, marchèrent en Italie et ne laissèrent en arrière que les femmes et les petits enfants ; c’est pourquoi les Bretons furent si faibles, que, par défaut d’hommes et de force, ils n’étaient pas capables de repousser l’invasion et la conquête. Le second traître fut Vortigern, qui massacra Constantin-le-Saint, saisit la couronne de l’île par la violence et par l’injustice, qui, le premier, invita les Saxons de venir en l’île comme auxiliaires, épousa Alice Rowen, la fille d’Hengist, et donna la couronne de Bretagne au fils qu’il eut