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APPENDICE

tati vicina est. » (Martène, Vet. Scr. I, 298) : ce qui explique pourquoi la langue vulgaire provençale était commune à une partie de l’Espagne et de l’Italie ; mais rien ne nous dit qu’il en fût de même de la langue vulgaire du milieu et du nord de la Gaule. Grégoire de Tours (l. VIII), en racontant l’entrée de Gontran à Orléans, distingue nettement la langue latine de la langue vulgaire. En 995, un évêque prêche en gaulois (gallice. Concil. Hardouin, V, 734). Le moine de Saint-Gall donne le mot veltres (lévriers) pour un mot de la langue gauloise (gallica lingua). On lit dans la vie de saint Columban (Acta SS. sec. II, p. 17) : « Ferusculam, quam vulgo homines squirium vocant (un écureuil). » Il est curieux de voir poindre ainsi peu à peu, dans un patois méprisé, notre langue française.


42 — page 113La langue vulgaire des Gaulois, analogue aux dialectes gallois, etc…

Alb, d’où : Alpes, Albanie ; penn, pic, d’où Apennins, Alpes Pennines. — Bardd, Βάρδοι, ap. Strab., l. IV, et Diod., l. V., Bardi, ap. Amm. Marc, l. XV, etc. — Derwydd (V. note, p. 43) ; aujourd’hui encore en Irlande, Drui signifie magicien ; Druidheacht, magie ; Toland’s Letters, p. 58. Dans le pays de Galles, on appelle les amulettes de verre : gleini na Droedh, verres des druides. — Trimarkisia, de tri, trois, et marc, cheval. Owen’s welsch Dictionn. Armstrong’s gael dict. « Chaque cavalier gaulois, dit Pausanias, l. X, ap. Scr. fr. I, 469) est suivi de deux serviteurs qui lui donnent au besoin leurs chevaux ; c’est ce qu’ils appellent dans leur langue Trimarkisia (τριμαρχίσια), du mot celtique marca. » — À ces exemples, on en pourrait joindre beaucoup d’autres. On retrouve le gæsum (javelot gaulois) des auteurs classiques dans les mots galliques : gaisde, armé ; gaisg, bravoure, etc. Le cateia, dans gath-teht (prononcez ga-té). La rotta, ou chrotta (Fortunat., VII, 8), dans le gaélique cruit, le cymrique crwdd, est la roite du moyen âge. — Le sagum, dans l’armoric sae, etc., etc.


43 — page 113Le premier vers de l’Énéide, le Fiat lux, etc…

Il n’y a pas un homme illettré en Irlande, Galles et Écosse du Nord, qui ne comprenne :

Arma virumque (ac) cano Trojæ qui primus ab oris.
Gaeliq. Arm agg fer can pi pim fra or.
Gallois. Arvau ac gwr canwyv Troiau cw priv o or.