Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
HISTOIRE DE FRANCE

Il n’y aurait eu pour le duc d’Orléans qu’un moyen de sortir de cette impopularité, une guerre glorieuse contre l’Anglais. Mais pour cela il fallait de l’argent. L’Église en avait. Le duc d’Orléans fit ordonner un emprunt général, dont les gens d’Église ne seraient point exempts. Mais le duc de Bourgogne se mit du côté du clergé, et l’encouragea à refuser l’emprunt. Une ordonnance de taxe générale fut de même inutile. Le duc de Bourgogne déclara que l’ordonnance mentait, en se disant consentie par les princes, que ni lui ni le duc de Berri n’y avaient consenti ; que si les coffres du roi étaient vides, ce n’était pas du sang des peuples qu’il fallait les remplir ; qu’il fallait faire regorger les sangsues ; que pour lui, il voulait bien qu’on sût que s’il eût autorisé cette nouvelle exaction, il aurait emboursé deux cent mille écus pour sa part.

Qu’on juge si de telles paroles étaient bien reçues du peuple. Le duc de Bourgogne eut tout le monde pour lui. On l’appela, on le mit à l’œuvre, et alors il ne fut pas médiocrement embarrassé. Après avoir tant déclamé contre les taxes, il n’en pouvait guère lever lui-même. Il lui fallut avoir recours à un étrange expédient. Il envoya dans toutes les villes du royaume des commissaires du parlement pour examiner les contrats entre particuliers et frapper d’amendes arbitraires ceux qu’ils trouveraient usuraires ou frauduleux[1]. Tous ceux « qui auraient vendu trop cher de moitié » devaient être punis. Cette absurde et impra-

  1. App. 66.