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HISTOIRE DE FRANCE

cérémonie[1]. Elle descendait, comme Charles-le-Mauvais, de cette violente Espagnole Jeanne de Navarre et de Philippe-le-Bel[2]. La petite-fille de Jeanne, Marguerite, avait fondé avec non moins de violence la maison de Bourgogne. On dit que, voyant son fils le comte de Flandre hésiter à accepter pour gendre Philippe-le-Hardi, elle lui montra sa mamelle, et lui dit que, s’il ne consentait, elle trancherait le sein qui l’avait nourri. Ce mariage, comme nous l’avons vu, mit tout un empire dans les mains de la maison de Bourgogne. La seconde Marguerite, petite-fille de l’autre, femme de Philippe-le-Hardi, digne mère de Jean-sans-Peur, aima mieux faire cette banqueroute solennelle que de diminuer d’un pouce de terre les possessions de sa maison. Elle connaissait son temps, cet âge de fer et de plomb. Ses fils n’y perdirent rien, ils n’en furent pas moins honorés ni moins populaires. Une telle audace fit peur ; on sut ce qu’on avait à craindre de ces princes.

La mort de Philippe-le-Hardi semblait laisser le duc d’Orléans maître du conseil. Il en profita pour se faire donner des places qui couvraient Paris au nord, Couci, Ham, Soissons. Avec la Fère, Châlons, Château-Thierry, Orléans et Dreux, il possédait ainsi une ceinture de places autour de Paris. Le duc de Bourgogne avait pris, il est vrai, au Midi le poste important d’Étampes[3].

  1. « Et de ce demanda instrument à un notaire public, qui estoit là présent. » (Monstrelet.) App. 72.
  2. Voy. tome III.
  3. Il se l’était fait céder en 1400 par le duc de Berri.