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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

Le duc d’Orléans obtint de son pape une défense au nouveau duc de Bourgogne de se mêler des affaires du royaume[1]. Pour que cette défense signifiât quelque chose, il fallait être le plus fort. Il ne put empêcher Jean-sans-Peur d’entrer au conseil, et non seulement lui, mais trois autres qui n’étaient qu’un avec lui, ses frères, les ducs de Limbourg et de Nevers, et son cousin le duc de Bretagne. Jean-sans-Peur, suivant la politique de son père, commença par se déclarer contre la taille que faisait ordonner le duc d’Orléans pour la continuation de la guerre, déclarant qu’il empêcherait ses sujets de la payer. Paris, encouragé, n’avait pas envie de payer non plus. En vain, les crieurs qui proclamaient la taxe annonçaient en même temps que celle de l’année dernière avait été bien employée, qu’on avait repris plusieurs places du Limousin. Le peuple de Paris ne se souciait du Limousin ni du royaume ; il ne paya point. Les prisons se remplirent, les places se couvrirent de meubles à l’encan. L’exaspération était telle qu’il fallut défendre, à son de trompe, de porter ni épée ni couteau[2].

Tout porte à croire que les impôts n’étaient pas excessifs, quoi qu’en disent les contemporains. La France était redevenue riche par la paix ; la main-d’œuvre était à haut prix dans les villes. Le fisc levait plus facilement six francs par feu qu’il n’aurait levé un franc cinquante ans auparavant[3]. Mais cet

  1. Meyer.
  2. Le Religieux.
  3. App. 73.