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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

bourgeois avaient été autorisés à se mettre en défense, à refaire les chaînes de fer qui barraient les rues ; on en forgea plus de six cents en huit jours. Mais quand il voulut mener plus loin les Parisiens, et les décider à le suivre contre le duc d’Orléans, ils refusèrent nettement. Ce refus rendit la réconciliation plus facile. Les princes consentirent à un rapprochement. Les deux partis avaient à craindre la disette. Le duc d’Orléans rentra dans Paris, toucha dans la main du duc de Bourgogne[1], et consentit aux réformes qu’il avait proposées. Quelques suppressions d’officiers, quelques réductions de gages, ce fut toute la réforme. Mais la discorde restait la même entre les princes. Le duc d’Orléans, doux et insinuant, avait trouvé moyen de regagner son oncle de Berri et presque tout le conseil ; il reprenait peu à peu le pouvoir. On essaya bientôt d’un nouvel accord aussi inutile que le premier.

Il n’y avait qu’une chance de paix ; c’était le cas où les Anglais, par leurs pirateries, par leurs ravages autour de Calais, décideraient le duc de Bourgogne, comte de Flandre, à agir sérieusement contre eux, et à s’arranger avec le duc d’Orléans. On put croire un moment que les ennemis de la France lui rendraient ce service. En 1405, les Anglais, voyant que Philippe-le-Hardi était mort, crurent avoir meilleur marché de la veuve et du jeune duc ; ils tentèrent de s’emparer du port de l’Écluse. Et ceci ne fut pas une tentative individuelle, un coup de piraterie, mais bien une expé-

  1. Si l’on en croyait la chronique suivie par M. de Barante, ils auraient couché dans le même lit.