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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

Les Gascons qui l’avaient appelé, se ravisèrent et ne l’aidèrent point[1]. N’ayant qu’une petite armée de cinq mille hommes, il ne pouvait se hasarder d’attaquer Bordeaux ; il aurait voulu du moins en saisir les approches ; il tâta Blaye, puis Bourg. Le siège traîna dans la mauvaise saison ; les vivres manquèrent, une flotte qui en apportait de La Rochelle fut prise en mer par les Anglais. Les troupes affamées se débandèrent. Le duc d’Orléans s’obstinait à ce malheureux siège, sans espoir, mais s’étourdissant, jouant la solde des troupes, n’osant revenir.

Il savait bien ce qui l’attendait à Paris. Le duc de Bourgogne y était déjà, il ameutait le peuple contre lui, le désignait comme l’ami des Anglais, l’accusait d’avoir détourné pour sa belle expédition de Guyenne l’argent avec lequel on eût pris Calais[2]. Paris était fort ému, l’Université, le clergé même. Le duc d’Orléans avait récemment irrité l’évêque et l’Église de Paris ; à son départ pour la Guyenne, il avait été à Saint-Denis baiser les os du patron de la France ; ceux de Paris qui prétendaient avoir les vraies reliques du saint, ne pardonnèrent pas au duc de décider ainsi contre eux.

Peu à peu, Paris devenait unanime contre le duc d’Orléans. Les gens de l’Université de Paris couvaient contre lui une haine profonde, haine de docteurs, haine de prêtres. D’abord, il était l’ami du pape leur ennemi, il faisait donner les bénéfices à d’autres qu’aux universitaires, il les affamait. Autre crime : à

  1. App. 80.
  2. App. 81.