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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

Clisson. Tant qu’il vivait, tout vieux qu’il était, Clisson faisait peur au duc de Bretagne.

Quelque temps auparavant, le duc et la reine se promenant ensemble du côté de Saint-Germain, un effroyable orage fondit sur eux ; le duc se réfugia dans la litière de la reine ; mais les chevaux effrayés faillirent les jeter dans la rivière. La reine eut peur, le duc fut touché ; il déclara vouloir payer ses créanciers, ne sachant pas sans doute lui-même combien il était endetté. Mais il en vint plus de huit cents ; les gens du duc ne payèrent rien et les renvoyèrent.

Dans ce triste hiver de 1407 le duc et la reine crurent ramener les esprits en ordonnant, au nom du roi, la suspension du droit de prise, celui de tous les abus qui faisait le plus crier. Les maîtres d’hôtel du roi, des princes, des grands, prenaient sur les marchés, dans les maisons, tout ce qui pouvait servir à la table de leurs maîtres, ce qui les tentait eux-mêmes, ce qu’ils pouvaient emporter ; meubles, linges, tout leur était bon. Les gens du duc et de la reine avaient rudement pillé ; ils eurent beau suspendre l’exercice de ce droit odieux[1] : le peuple leur en voulait trop, il ne leur en sut aucun gré.

Tout tournait contre eux. La reine, depuis longtemps éloignée de son mari, n’en était pas moins enceinte ; elle attendait, souhaitait un enfant. Elle accoucha en effet d’un fils, mais qui mourut en naissant. Il fut pleuré de sa mère, plus qu’on ne pleure un enfant de

  1. Ils le suspendirent pour quatre ans (7 septembre 1407).