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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

où les efforts deviennent inutiles, où s’abrège l’espoir, où, le jour diminuant, grandissent peu à peu les ombres de l’avenir… On entrevoit alors, pour la première fois, que la mort est un remède, qu’elle vient au secours des destinées qui ont peine à s’accomplir.

Louis d’Orléans avait trente-six ans ; mais déjà, depuis plusieurs années, parmi ses passions même et ses folles amours, il avait eu des moments sérieux[1]. Il avait fait, écrit de sa main, un testament fort chrétien, fort pieux, plein de charité et de pénitence. Il y ordonnait d’abord le payement de ses créanciers, puis des legs aux églises, aux collèges, aux hôpitaux, d’abondantes aumônes. Il y recommandait ses enfants à son ennemi même, au duc de Bourgogne ; il éprouvait le besoin d’expier ; il demandait à être porté au tombeau sur une claie couverte de cendres[2].

Au temps où nous sommes parvenus, il n’eut un pressentiment que trop vrai de sa fin prochaine. Il allait souvent aux Célestins ; il aimait ce couvent ; dans son enfance, sa bonne dame de gouvernante l’y menait tout petit entendre les offices. Plus tard, il y visitait fréquemment le sage Philippe de Maizières, vieux conseiller de Charles V, qui s’y était retiré[3]. Il séjournait même quelquefois au couvent, vivant avec les moines,

  1. « Ad multa vitia præceps fuit, quæ tamen horruit cum ad virilem ætatem pervenisset. » (Religieux.)
  2. Son testament fut trouvé écrit tout entier de sa main, quatre ans avant sa mort. La bonté de son âme confiante et sans fiel se manifestait dans la recommandation qu’il faisait de ses enfants aux soins de son oncle le duc Philippe, tandis qu’ils étaient déjà au plus fort de leurs querelles. App. 82.
  3. Jean Petit prétend qu’ils conspiraient ensemble. (Monstrelet.)