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HISTOIRE DE FRANCE

chevalier ? Un chevalier devait l’attaquer à armes égales, le tuer en champ clos. Un prince, un grand souverain, devait faire la guerre avec une armée, vaincre son ennemi en bataille ; les batailles sont les duels des rois.

Au reste, la harangue de Jean Petit était moins une apologie du duc de Bourgogne qu’un réquisitoire contre le duc d’Orléans. C’était un outrage après la mort, comme si le meurtrier revenait sur cet homme gisant à terre, ayant peur qu’il ne revécût, et tâchant de le tuer une seconde fois.

Le meurtrier n’avait pas besoin d’apologie. Pendant que son docteur pérorait, il avait en poche de bonnes lettres de rémission qui le rendaient blanc comme neige. Dans ces lettres, le roi déclare que le duc lui a exposé comment pour son bien et celui du royaume il a fait mettre hors de ce monde son frère le duc d’Orléans ; mais il a appris que le roi « sur le rapport d’aulcuns ses malveillans… en a pris desplaisance… Savoir faisons que nous avons osté et ostons toute desplaisance que nous pourrions avoir eue envers lui, etc.[1] ».

Les gens de l’Université ayant si bien soutenu le duc de Bourgogne, il était bien juste qu’il les soutînt à son tour. D’abord il termina à leur avantage l’affaire qui depuis un an tenait en guerre les deux juridictions, civile et ecclésiastique. La première eut tort. L’Université, le clergé, allèrent dépendre les deux écoliers

  1. Cartons de Fontanieu, année 1407.