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HISTOIRE DE FRANCE

Petit. C’était la condamnation du pape, comme l’autre était la condamnation du prince, partisan du pape.

Le texte était : « Que la douleur en soit pour lui ; tombe sur lui son iniquité ! » Si le pape eût été là, il n’y eût guère eu plus de sûreté pour lui que pour le duc d’Orléans. Le pape n’y étant pas, on ne frappa que ses bulles. Le chancelier les condamna au nom de l’assemblée, les secrétaires royaux y enfoncèrent le canif, et les jetèrent au recteur qui les mit en menus morceaux.

Ce n’était pas assez de poignarder un parchemin. On envoya ordre à Boucicaut d’arrêter le pape ; et en attendant, on prit, comme suspects d’aimer le pape, l’abbé de Saint-Denis et le doyen de Saint-Germain-l’Auxerrois. Saint-Denis étant, comme on l’a vu, fort mal avec l’Église de Paris, l’arrestation de l’abbé était populaire. Mais le doyen de Saint-Germain-l’Auxerrois était membre du parlement. Il y avait imprudence à l’arrêter ; le parlement en garda rancune. Les prisonniers, ayant tout à craindre dans ce moment de violence, essayèrent d’apaiser l’Université en se réclamant d’elle, et demandant l’adjonction de quelques-uns de ses docteurs à la commission qui devait les juger. Ils eurent lieu de s’en repentir. Ces scolastiques, étrangers aux lois, aux hommes et aux affaires, ne purent jamais s’accorder avec les juges[1]. Ils montrèrent autant de gaucherie que de violence, firent arrêter au hasard nombre de gens. Les prisonniers avaient beau invo-

  1. App. 109.