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HISTOIRE DE FRANCE

dans la cour du Palais, parmi les huées du peuple, qui s’habituait à mépriser les insignes du pontificat[1]. Le dimanche suivant, même scène au parvis Notre-Dame : un moine trinitaire, régent de théologie, invectiva contre eux et contre le pape, avec une violence furieuse et des farces de bateleur, le tout dans une langue si fangeuse, que bonne part de cette boue retombait sur l’Université[2].

Le pape de Rome, le pape d’Avignon, étaient tous les deux en fuite ; leurs cardinaux avaient déserté. La reine s’enfuit aussi, emmenant de Paris le dauphin, gendre du duc de Bourgogne. Les ducs d’Anjou (roi de Sicile), de Berri et de Bretagne ne tardèrent pas à les suivre. Le duc de Bourgogne allait se trouver seul de tous les princes à Paris, ayant toutefois dans les mains le roi, le concile, l’Université. Lâcher le roi et Paris, c’était risquer beaucoup. Cependant il ne pouvait plus remettre son retour aux Pays-Bas. Pendant qu’il faisait ici la guerre au pape et écoutait les prolixes harangues des docteurs, le parti de Benoît et d’Orléans se fortifiait à Liège. Le jeune évêque de Liège, son cousin Jean de Bavière, ne pouvait plus résister[3]. Les Liégeois étaient menés par un homme de tête et de main, le sire de Perweiss, père de l’autre prétendant à l’évêché de Liège ; il appelait les Allemands ; il faisait venir des archers anglais. Le Brabant était en péril. Que serait-il advenu si la

  1. Le Religieux. App. 110.
  2. « Quod anum sordidissimæ omasariæ osculari mallet quam os Petri. » (Religieux.)
  3. App. 111.