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HISTOIRE DE FRANCE

Chartres ; ils pouvaient en son nom agir contre le duc. Cela le décida à un accommodement[1]. La chose fut négociée par le grand maître Montaigu, serviteur de la reine et de la maison d’Orléans, principal conseiller de ce parti, qui avait été envoyé au duc de Bourgogne, qui en avait rapporté une grande peur, et qui ne sentait pas sa tête bien ferme sur ses épaules. Il arrangea avec la crédulité de la peur ce triste traité qui déshonorait les deux partis. Le principal article était que le second fils du mort épouserait une fille du meurtrier, avec une dot de cent cinquante mille francs d’or. Comme dot, c’était beaucoup, mais comme prix du sang, combien peu !

Ce fut une laide scène, laide encore comme profanation d’une des plus saintes églises de France. Notre-Dame de Chartres, ses innombrables statues de saints et de docteurs, furent condamnées à être témoins de la fausse paix et des parjures. On dressa, non pas au parvis où se faisaient les amendes honorables, mais à l’entrée du chœur, un grand échafaud. Le roi, la reine, les princes, y siégeaient. L’avocat du duc de Bourgogne demanda au roi, au nom du duc, qu’il lui plût « de ne conserver dans le cœur ni colère, ni indignation à cause du fait qu’il a commis et fait faire sur la personne de monseigneur d’Orléans, pour le bien du royaume et de vous ».

Puis les enfants d’Orléans entrèrent ; le roi leur fit

  1. À la rentrée du parlement, le vieux chancelier traça un tableau touchant de la désolation du royaume. (Archives, Registre du Parlement, Conseil, XIII, folio 49.)