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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

part du pardon qu’il avait accordé, et les requit de l’avoir pour agréable. L’avocat de Bourgogne parla en ces termes : « Monseigneur d’Orléans et messeigneurs ses frères, voici monseigneur de Bourgogne qui vous supplie de bannir de vos cœurs toute haine et toute vengeance, et d’être bons amis avec lui. » Le duc ajouta de sa propre bouche : « Mes chers cousins, je vous en prie. »

Les jeunes princes pleuraient. Selon le cérémonial convenu, la reine, le dauphin et les seigneurs du sang royal s’approchèrent d’eux, et intercédèrent pour le duc de Bourgogne ; ensuite, le roi, du haut de son trône, leur adressa ces mots : « Mon très cher fils et mon très cher neveu, consentez à ce que nous avons fait, et pardonnez. » Le duc d’Orléans et son frère répétèrent alors, l’un après l’autre, les paroles prescrites.

Montaigu, qui avait dressé d’avance ce traité, par lequel les enfants reconnaissaient que leur père était tué pour le bien du royaume, avait au fond trahi son ancien maître, le duc d’Orléans, pour le duc de Bourgogne. Celui-ci néanmoins lui en voulut mortellement. Il n’avait pas probablement deviné d’avance l’humiliante attitude qu’il lui faudrait prendre dans cette cérémonie, et ce qu’il lui en coûterait pour dire aux enfants : Pardonnez.

Tout le monde savait à quoi s’en tenir sur la valeur d’une telle paix. Le greffier du parlement, en l’inscrivant sur son registre, ajoute ces mots à la marge : Pax, pax, inquit Propheta, et non est pax.