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HISTOIRE DE FRANCE

défendit aux ducs d’Orléans et de Bourgogne d’entrer dans Paris.

La défense était dérisoire ; ce dernier était en réalité si bien présent dans Paris qu’à ce moment même il décidait la ville alarmée à prendre pour capitaine un homme à lui, le comte de Saint-Pol.

Il s’agissait de mettre Paris en défense. On proposa une taxe générale dont personne ne serait exempt, ni le clergé ni l’Université. Mais leur zèle n’alla pas jusque-là pour le parti de Bourgogne ; à ce mot d’argent, ils se soulevèrent. Le chancelier de Notre-Dame, parlant au nom des deux corps, déclara qu’ils ne pouvaient donner ni prêter ; qu’ils avaient bien de la peine à vivre ; qu’on savait bien que si les finances du roi n’étaient dilapidées, il entrerait tous les mois deux cent mille écus d’or dans ses coffres ; que les biens de l’Église, amortis depuis longtemps, n’avaient rien à voir avec les taxes. Enfin il s’emporta jusqu’à dire que, lorsqu’un prince opprimait ses sujets par d’injustes exactions, c’était, d’après les anciennes histoires, un cas légitime de le déposer[1].

Cette hardiesse extraordinaire de langage indiquait assez que le clergé et l’Université ne seraient point pour le parti bourguignon un instrument docile. Le nouveau capitaine de Paris chercha ses alliés plus bas ; il s’adressa aux bouchers. Ce fut un curieux spectacle de voir le comte de Saint-Pol, de la maison de Luxembourg, cousin des empereurs et du chevaleresque Jean

  1. App. 118.