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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

ceux des Landes, furent pourtant encore plus inquiets. De bonne heure leurs comtes déclarent qu’ils ne veulent dépendre que de Sainte-Marie d’Auch, et ensuite ils battent et pillent l’archevêque d’Auch pendant près de deux siècles. Persécuteurs assidus des églises, excommuniés de génération en génération, ils vécurent, la plupart, en vrais fils du Diable.

Lorsque le terrible Simon de Montfort tomba sur le Midi, comme le jugement de Dieu, ils s’amendèrent, lui firent hommage, puis au comte de Poitiers. Saint Louis leur donna plus d’une sévère leçon. L’un d’eux fut mis, pour réfléchir, deux ans dans le château de Péronne. Ils finirent par comprendre qu’ils gagneraient plus à servir le roi de France ; la succession de Rhodez, si éloigné de l’Armagnac, les engagea d’ailleurs dans les intérêts du royaume.

Les Armagnacs devinrent alors, avec les Albret, les capitaines du midi pour le roi de France. Battants, battus, toujours en armes, ils menèrent partout les Gascons, jusqu’en Italie. Ils formèrent une leste et infatigable infanterie, la première qu’ait eue la France. Ils poussaient la guerre avec une violence inconnue jusque-là, forçant tout le monde à prendre la croix blanche, coupant le pied, le poing, à qui refusait de les suivre[1].

Nos rois les comblèrent. Ils les étouffèrent dans l’or. Ils les firent généraux, connétables. C’était méconnaître leur talent ; ces chasseurs des Pyrénées et des

  1. App. 121.