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HISTOIRE DE FRANCE

les assiéger avec les Anglais, avec le roi, qu’il traînait partout. Néanmoins, le siège fut long. Le manque de vivres, les exhalaisons des marais, des champs pleins de cadavres, la peste enfin, qui, du camp, se répandit dans le royaume, décidèrent les deux partis à une vaine et fausse paix, qui fut à peine une trêve (traité de Bourges, 15 juillet 1412). Le duc de Bourgogne promettait ce qu’il ne pouvait tenir, d’obliger les siens de rendre aux princes leurs biens confisqués. Tout ce que le duc de Bourgogne y gagna, ce fut de faire quelque réparation à la mémoire de Montaigu : le prévôt de Paris alla détacher son corps du gibet de Montfaucon et le fit enterrer honorablement.

Cependant les Orléanais, voyant que leur adversaire ne les avait chassés que par le secours de l’Anglais, essayaient de le détacher à tout prix du Bourguignon. Celui-ci, au contraire, était déjà las de ses alliés, et il avait envoyé des troupes pour les combattre en Guyenne. Le comte d’Armagnac prit à l’instant la croix rouge, et se fit Anglais, confirmant ainsi les accusations du duc de Bourgogne. Il avait fait publier à grand bruit dans Paris qu’on avait saisi sur un moine les papiers des princes et les propositions qu’ils faisaient aux ennemis. Ils avaient fait serment, disait-on, de tuer le roi, de brûler Paris, de partager la France. Cette bizarre invention du parti de Bourgogne produisit le plus grand effet à Paris[1]. Les gens de l’Université, les bourgeois, tout le peuple, les

  1. App. 124.