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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

femmes et les enfants, prononçaient mille imprécations contre ceux qui livraient ainsi le roi et le royaume. Le pauvre roi pleurait, et demandait ce qu’il fallait faire.

Le traité réel était assez odieux sans y ajouter ces fables : les princes faisaient hommage à l’Anglais, s’engageaient à lui faire recouvrer ses droits, et lui remettaient vingt places dans le Midi. Pour tant d’avantages, il ne laissait aux ducs de Berri et d’Orléans le Poitou, l’Angoumois et le Périgord que leur vie durant. Le seul comte d’Armagnac conservait tous ses fiefs à perpétuité. Le traité visiblement était son ouvrage[1] (18 mai 1412).

Ainsi, des princes sans cœur jouaient tour à tour à ce jeu funeste d’appeler l’ennemi du royaume. La chose était pourtant sérieuse. Ils s’en seraient aperçus bientôt, si la mort d’Henri IV n’eût donné un répit à la France. Trahie par les deux partis, n’ayant rien à attendre que d’elle, elle va essayer dans cet intervalle de faire ses affaires elle-même. En est-elle déjà capable ? on peut en douter.


Dans cette période de cinq années, entre un crime et un crime, le meurtre du duc d’Orléans et le traité avec l’Anglais, les partis ont prouvé leur impuissance pour la paix et pour la guerre ; trois traités n’ont servi qu’à envenimer les haines.

  1. Rymer.