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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

et de ne point montrer cette furieuse animosité contre des serviteurs qui me sont attachés. »

« Si vous connaissez des traîtres, dit le chancelier du dauphin, croyant les intimider, on les punira, nommez-les.

— Vous, d’abord », lui crièrent-ils. Et ils lui remirent une liste de cinquante seigneurs ou gentilshommes, en tête de laquelle se trouvait son nom. Il fut forcé de la lire tout haut, et plus d’une fois.

Le dauphin, tremblant, pleurant, rouge de colère, mais voyant bien pourtant qu’il n’y avait pas moyen de résister, prit une croix d’or que portait sa femme, et fit jurer au duc de Bourgogne qu’il n’arriverait aucun mal à ceux que le peuple allait saisir. Il jura, comme pour Desessarts, ce qu’il ne pouvait tenir.

Cependant ils enfonçaient les portes, et se mettaient à fouiller l’hôtel du roi pour y chercher les traîtres. Ils saisirent le duc de Bar, cousin du roi, puis le chancelier du dauphin, le sire de La Rivière, son chambellan, son écuyer tranchant, ses valets de chambre et quelques autres. Ils en arrachèrent un brutalement à la dauphine, fille du duc de Bourgogne, qui voulait le sauver. Tous les prisonniers, mis à cheval, furent menés à l’hôtel du duc de Bourgogne, puis à la tour du Louvre.

Tous n’arrivèrent pas jusqu’au Louvre. Ils égorgèrent ou jetèrent à la Seine ceux qu’ils croyaient coupables des dérèglements du dauphin ou de ses folles dépenses, un riche tapissier, un pauvre diable de musicien appelé Courtebotte. Ils rencontrèrent aussi