Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
HISTOIRE DE FRANCE

senter. Les derniers exemples étaient ceux du roi encore vivant et de son frère, celui du dauphin même, qui, s’il ne s’amendait pas, obligerait de transférer son droit d’aînesse à son jeune frère, ainsi que la reine l’en avait menacé.

Il conclut en demandant qu’on choisît des commissaires pour informer contre les dissipateurs des deniers publics, d’autres pour faire le procès des traîtres emprisonnés, enfin, des capitaines contre le comte d’Armagnac. « Ce peuple, ajoutait-il, est là pour m’avouer de tout cela ; je viens d’exposer ses humbles demandes. »

Le dauphin répondait doucement ; mais il n’y pouvait plus tenir. Il aurait voulu s’échapper. Le comte de Vertus, frère du duc d’Orléans, s’était enfui sous un déguisement. Le dauphin eut l’imprudence d’écrire aux princes de venir le délivrer. Les bouchers, qui s’en doutaient, prirent leurs mesures pour que leur pupille ne pût échapper à leur surveillance ; ils mirent bonne garde aux portes de la ville, et s’assurèrent de l’hôtel Saint-Paul[1], dont ils constituèrent gardien et concierge le sage chirurgien Jean de Troyes. Et cependant ils faisaient jour et nuit des rondes tout autour « pour la sûreté du roi et de monseigneur le duc de Guyenne ». C’est ainsi qu’on nommait le dauphin.

Garder son roi et l’héritier du royaume, les tenir en geôle, c’était une situation nouvelle, étrange, et

  1. « Gardèrent curieusement les portes…, et disoient aucuns d’eux qu’on le faisoit pour sa correction, car il estoit de jeune âge. » (Monstrelet.)