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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

qui devait étonner les bouchers eux-mêmes. Mais quand ils se seraient repentis, ils n’étaient plus maîtres. Leurs valets, qu’ils avaient menés d’abord, les menaient maintenant à leur tour. Les héros du parti étaient les écorcheurs, le fils de la tripière, Caboche et Denisot. Ils avaient pour capitaine un chevalier bourguignon, Hélion de Jacqueville, aussi brutal qu’eux. La garde des deux postes de confiance, d’où dépendaient les vivres, Charenton et Saint-Cloud, les écorcheurs se l’étaient réservée à eux-mêmes. Apparemment les maîtres bouchers n’étaient plus jugés assez sûrs.

Le duc de Bourgogne n’en était pas sans doute à regretter ce qu’il avait fait. Les Parisiens gardant le dauphin, les Gantais voulurent garder le fils du duc de Bourgogne[1]. Ils vinrent le demander à Paris. Les Parisiens avaient pris le blanc chaperon de Gand ; les Gantais le reprirent de leur main. Le duc de Bourgogne fut obligé d’envoyer son fils aux Gantais, de leur donner ce précieux otage. Il subit le chaperon.

Un jour que le roi mieux portant allait en grande pompe remercier Dieu à Notre-Dame, avec ses princes et sa noblesse, le vieux Jean de Troyes se trouve sur son passage avec le corps de ville ; il supplie le roi de prendre le chaperon, en signe de l’affection cordiale qu’il a pour sa ville de Paris. Le roi l’accepte bonnement. Dès lors il fallut bien que tout le monde le portât[2], le

  1. App. 138.
  2. « Et en prinrent hommes d’église, femmes d’honneur, marchandes qui à tout vendoient les denrées. » (Journal d’un Bourgeois de Paris.)