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HISTOIRE DE FRANCE

abréger, le capitaine de la milice, Jacqueville, monta avec ses gens, et brutalement, sans égard pour la reine, pour le roi ni le dauphin, pénétrant partout, brisant les portes, il mit la main sur ceux que le peuple demandait. Pour comble de violence, ils emmenèrent treize dames de la reine et de la dauphine[1]. Il ne fallait pas parler à ces gens de respect pour les dames ni de chevalerie. Parmi les prisonniers qu’ils emmenèrent, se trouvait un Bourguignon, un des leurs, que huit jours auparavant ils avaient donné pour chancelier au dauphin. La défiance croissait d’heure en heure.

Cependant le duc de Berri et d’autres parents des prisonniers envoyèrent demander à l’Université si elle avouait ce qui s’était fait. Celle-ci, consultée en masse et comme corps, se rassura un peu par sa multitude, et donna du moins une réponse équivoque, « que de ce elle ne vouloit en rien s’entremettre ni empêcher ». Dans le conseil du roi, les universitaires allèrent plus loin, et déclarèrent qu’ils n’étaient pour rien dans l’enlèvement des seigneurs, et que la chose ne leur plaisait pas.

Le désaveu timide de l’Université ne rassurait pas les princes. Cette fois ils craignaient pour eux-mêmes ; le coup avait frappé si près d’eux, qu’ils firent signer au roi une ordonnance où il approuvait ce qui s’était fait. Le lendemain (25 mai 1413), fut lue solennellement la grande ordonnance de réforme.

  1. « Et, ce fait, le roi s’en alla dîner. » (Monstrelet.)