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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

Cette ordonnance, si violemment arrachée, ne porte pas, autant qu’on pourrait croire, le caractère du moment ; c’est une sage et impartiale fusion des meilleures ordonnances du quatorzième siècle. On peut l’appeler le code administratif de la vieille France, comme l’ordonnance de 1357 avait été sa charte législative et politique.

On peut s’étonner de voir cette ordonnance à peine mentionnée dans les historiens. Elle n’a pourtant pas moins de soixante-dix pages in-folio[1]. Sauf quelques articles trop minutieux et d’une rédaction enfantine[2], ou bien encore dirigés hostilement contre certains individus, on ne peut qu’admirer l’esprit qui y règne, esprit très spécial, très pratique : sans spécialité, point de réforme réelle. Celle-ci part de bien bas, mais elle va haut, et pénètre partout. Elle réduit les gages de la lingère, de la poissonnière du roi ; mais elle règle les droits des grands corps de l’État, et tout le jeu de la machine administrative, judiciaire et financière.

La forme est curieuse, je voudrais pouvoir la conserver ; mais alors cette ordonnance seule occuperait le reste du volume, et encore l’ensemble resterait confus. Il m’est impossible de résumer ce code en quelques lignes, sans emprunter notre langage moderne, plus précis et plus formulé.

Tout ce détail immense semble dominé par deux idées : la centralisation de l’ordre financier, de l’ordre

  1. Ord., t. X, p. 71-134.
  2. App. 142.