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HISTOIRE DE FRANCE

Il s’agissait d’appliquer ce grand code. Là devait apparaître la terrible disproportion entre les lois et les hommes. Les modérés, les capables se tenant à l’écart, restaient pour commencer l’application de ces belles lois les gens les moins propres à mettre en mouvement une telle machine, les scolastiques et les bouchers, ceux-ci trop grossiers, ceux-là trop subtils, trop étrangers aux réalités.

Quelle qu’ait été leur gaucherie brutale dans un métier si nouveau pour eux, l’histoire doit dire qu’ils ne se montrèrent pas aussi indignes du pouvoir qu’on l’eût attendu. Ces gens de la commune de Paris, délaissés du royaume, essayèrent tout à la fois de le réformer et de le défendre. Ils envoyèrent leur prévôt contre les Anglais, en même temps que leur capitaine Jacqueville allait bravement à la rencontre des princes[1]. Dans Paris même, ils commencèrent un grand monument d’utilité publique, qui complétait la triple unité de cette ville ; je parle du pont Notre Dame, grand ouvrage, fondé héroïquement dans des circonstances si difficiles et avec si peu de ressources[2].

Le fait est que ce gouvernement ne fut soutenu de personne. Les Anglais étaient à Dieppe, si près de Paris ; personne ne voulut donner d’argent. Gerson refusa de payer et laissa plutôt piller sa maison[3].

  1. Jusqu’à Montereau… « ils ne rencontrèrent pas l’un l’autre ». (Monstrelet.)
  2. App. 144.
  3. Cependant le nouveau gouvernement avait essayé de s’assurer de l’Université en enjoignant au prévôt de Paris et aux autres justiciers de faire