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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

L’avocat général Juvénal refusa aussi, aimant mieux être emprisonné.

En donnant ainsi l’exemple d’annuler par une résistance d’inertie ce gouvernement irrégulier, les modérés n’en prirent pas moins une responsabilité bien grave. Ils abandonnaient tout à la fois et la défense du pays et la belle réforme qu’on avait obtenue avec tant de peine. Ce n’est pas la seule fois que les honnêtes gens ont ainsi trahi l’intérêt public, et puni la liberté du crime de son parti. Les cabochiens ne purent faire contribuer ni l’Église ni le Parlement. Ayant saisi l’argent de la foire du Landit, qui appartenait aux moines de Saint-Denis, ils virent s’élever une clameur générale. Leurs amis, les universitaires, refusèrent de les aider et les obligèrent de rapporter l’argent qu’ils avaient levé sur quelques suppôts de l’Université.

Se voyant ainsi entravés de toute part et ne trouvant que des obstacles, les cabochiens entrèrent en fureur. Ils poursuivirent Gerson, qui fut obligé de se cacher dans les voûtes de Notre-Dame. Le jugement des prisonniers fut hâté ; la commission eut peur, et signa des condamnations. D’abord on fit mourir des gens qui l’avaient mérité, par exemple un homme qui avait livré à l’ennemi, à la mort, quatre cents bourgeois de Paris. Puis, on traîna à la Grève le prévôt Desessarts, qui avait trahi les deux partis tour à tour. Les bou-

    jouir l’Université des avantages que le pape Jean XXIII lui avait accordés dans la répartition des bénéfices. (Ord., p. 155, 6 juillet 1413.)