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HISTOIRE DE FRANCE

Cette cause n’est pas la seule, mais c’est la principale, et la moins remarquée.

L’Église, étant le plus grand propriétaire de l’Angleterre, y avait aussi la plus grande influence. Au moment où la propriété et la royauté se trouvèrent d’accord, celle-ci acquit une force irrésistible ; elle ne vainquit pas seulement, elle conquit.

L’Église avait besoin de la royauté. Ses prodigieuses richesses la mettaient en péril. Elle avait absorbé la meilleure partie des terres ; sans parler d’une foule de propriétés et de revenus divers, des fondations pieuses, des dîmes, etc., sur les cinquante-trois mille fiefs de chevaliers qui existaient en Angleterre, elle en possédait vingt-huit mille[1]. Cette grande propriété était sans cesse attaquée au Parlement, et elle n’y était pas représentée, défendue en proportion de son importance ; les membres du clergé n’y étaient plus appelés que ad consentiendum[2].

La royauté, de son côté, ne pouvait se passer de l’appui du grand propriétaire du royaume, je veux dire du clergé. Elle avait besoin de son influence, encore plus que de son argent. C’est ce que ne sentirent ni Édouard Ier ni Édouard III, qui toujours le vexèrent pour de petites questions de subsides. C’est ce que sentit admirablement la maison de Lancastre, qui, à son avènement, déclara qu’elle ne demandait à l’Église « que ses prières[3] ».

  1. App. 158.
  2. Ils finirent par n’y plus aller. (Hallam.)
  3. Turner. Wilkins.