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HISTOIRE DE FRANCE

au moyen âge, il restait souvent, rampait devant l’aîné, conspirait[1].

Les fils cadets d’Édouard III, Clarence, Lancastre, York, Glocester, titrés de noms sonores et vides, avaient vu avec désespoir l’aîné, l’héritier, régner déjà, du vivant de leur père, comme duc d’Aquitaine. Il fallait que ces cadets périssent, ou régnassent aussi. Clarence alla aux aventures en Italie, et il y mourut. Glocester troubla l’Angleterre, jusqu’à ce que son neveu le fît étrangler. Lancastre se fit appeler roi de Castille, envahit l’Espagne et échoua ; puis la France, et il échoua encore[2]. Alors il se retourna du côté de l’Angleterre.

Le moment était favorable pour lui. Le mécontentement était au comble. Depuis les victoires de Créci et de Poitiers, l’Angleterre s’était méconnue ; ce peuple laborieux, distrait une fois de sa tâche naturelle, l’accumulation de la richesse et le progrès des garanties, était sorti de son caractère ; il ne rêvait que conquêtes, tributs de l’étranger, exemption d’impôts. Le riche fonds de mauvaise humeur dont la nature les a doués, fermentait à merveille. Ils s’en prenaient au roi, aux grands, à tous ceux qui faisaient la guerre en France ; c’étaient des traîtres, des lâches. Les cockneys de Lon-

    très curieuse (t. Ier, à la fin du livre Ier). — Dès que le père s’enrichit, sa première pensée est : Faire un ainé. À quoi réplique tout bas la pensée du cadet : Être indépendant, avoir une honnête suffisance (to be independent, to have a competence). Ces deux mots sont le dialogue tacite de la famille anglaise. App. 159.

  1. Rapprocher l’histoire des trois Glocester du frère du Prince Noir, du frère d’Henri V et du frère d’Édouard IV.
  2. En 1373.