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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

France. Il n’y avait qu’un point difficile pour Lancastre et son fils Derby, c’était de se décider entre les deux partis, entre l’Église établie et les novateurs. Richard rendit à Derby le service de l’exiler ; c’était le dispenser de choisir. De loin, il devint la pensée de tous ; chacun le désira, le croyant pour soi.

La chose mûre, l’archevêque de Cantorbéry alla chercher Derby en France[1]. Celui-ci débarqua, déclarant humblement qu’il ne réclamait rien que le bien de son père. On a vu comment il se trouva forcé de régner. Alors il prit son parti nettement. Au grand étonnement des novateurs, parmi lesquels il avait été élevé à Oxford, Henri IV se déclara le champion de l’Église établie : « Mes prédécesseurs, dit-il aux prélats, vous appelaient pour vous demander de l’argent. Moi, je viens vous voir pour réclamer vos prières. Je maintiendrai les libertés de l’Église ; je détruirai, selon mon pouvoir, les hérésies et les hérétiques[2]. »

Il y eut un compromis amical entre le roi et l’Église. Elle le sacra, l’oignit. Lui, il lui livra ses ennemis. Les adversaires des prêtres furent livrés aux prêtres, pour être jugés, brûlés[3]. Tout le monde y trouvait son

  1. Il avait été banni par Richard II, et son temporel confisqué.
  2. Henri IV, intimement uni aux évêques d’Angleterre, commença son règne par leur donner des armes contre les trois genres d’ennemis qu’ils avaient à craindre : 1o contre le pape, contre l’invasion du clergé étranger ; 2o contre les moines (les moines achetaient des bulles du pape pour se dispenser de payer la dîme aux évêques) ; 3o contre les hérétiques. (Statutes of the Realm.)
  3. Les diocésains peuvent faire arrêter ceux qui prêchent ou enseignent sans leur autorisation et les faire brûler en lieu apparent et élevé : « In eminenti loco comburi faciant. » — « And them before the people in an high place do to be burnt. » (Ibid.)