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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

préparée. Le roi s’était assuré de la neutralité de Jean-sans-Peur ; il avait loué ou acheté huit cents embarcations en Zélande et en Hollande, pays soumis à l’influence du duc de Bourgogne, et qui d’ailleurs ont toujours prêté volontiers des vaisseaux à qui payait bien[1]. Il emporta beaucoup de vivres, dans la supposition que le pays n’en fournirait pas.

D’autre part, l’Église d’Angleterre, de concert avec les communes, n’oublia rien pour sanctifier l’entreprise ; jeûnes, prières, processions, pèlerinages[2]. Au moment même de l’embarquement on brûla encore un hérétique. Le roi prit part à tout dévotement. Il emmena bon nombre de prêtres, particulièrement l’évêque de Norwich, qui lui fut donné pour principal conseiller.

Le passage ne fut pas disputé, la France n’avait pas un vaisseau[3] ; la descente ne le fut pas non plus, les populations de la côte n’étaient pas en état de combattre cette grande armée. Mais elles se montrèrent très hostiles ; le duc de Normandie, c’est le premier titre que prit Henri V, fut mal reçu dans son duché ; les villes, les châteaux se gardèrent ; les Anglais n’osaient s’écarter, ils n’étaient maîtres que de la plage malsaine que couvrait leur camp.

  1. Sous Charles VI, sous Louis XIII, etc.
  2. Les scrupules d’Henri allèrent jusqu’à refuser le service d’un gentleman qui lui amenait vingt hommes, mais qui avait été moine, et n’était rentré dans la vie séculière qu’au moyen d’une dispense du pape. Ces dispenses étaient le sujet d’une guerre continuelle entre Rome et l’Église d’Angleterre.
  3. Le roi n’en avait pas ; mais plusieurs villes, telles que La Rochelle, Dieppe, etc., en avaient un assez grand nombre.