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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

les esprits par quelque chose de chevaleresque et de hardi. D’abord il défia le dauphin à combattre corps à corps. Puis, pour constater que la France n’osait combattre, il déclara que d’Harfleur il irait, à travers champs, jusqu’à la ville de Calais[1].

La chose était hardie, elle n’était pas téméraire. On connaissait les divisions de la noblesse française, les défiances qui l’empêchaient de se réunir en armes. Si elle n’était pas venue à temps, pendant tout un grand mois, pour défendre le poste qui couvrait la Seine et tout le royaume, il y avait à parier qu’elle laisserait bien aux Anglais les huit jours qu’il leur fallait pour arriver à Calais selon le calcul d’Henri.

Il lui restait deux mille hommes d’armes, treize mille archers, une armée leste, robuste ; c’étaient ceux qui avaient résisté. Il leur fit prendre des vivres pour huit jours. D’ailleurs, une fois sorti de Normandie, il y avait à parier que les capitaines du duc de Bourgogne en Picardie, en Artois, aideraient à nourrir cette armée, ce qui arriva. C’était le mois d’octobre, les vendanges se faisaient ; le vin ne manquerait pas ; avec du vin, le soldat anglais pouvait aller au bout du monde.

L’essentiel était de ne pas soulever les populations sur sa route, de ne pas armer les paysans par des désordres. Le roi fit exécuter à la lettre les belles ordonnances de Richard II sur la discipline[2] : Défense du viol et du pillage d’église, sous peine de la potence ;

  1. App. 167.
  2. Règlement de 1386. Voy. Sir Nicolas.