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L’ANGLETERRE. — AZINCOURT

passage était impossible. Les Français ne craignaient rien tant que de le voir échapper impunément. Un Gascon, qui appartenait au connétable d’Albret, fut pris, peut-être se fit prendre ; mené au roi d’Angleterre, il affirma que le passage était gardé et infranchissable. « S’il n’en est ainsi, dit-il, coupez-moi la tête. » On croit lire la scène où le Gascon Montluc entraîna le roi et le conseil, et le décida à permettre la bataille de Cérisoles.

Retourner à travers les populations hostiles de la Normandie, c’était une honte, un danger ; forcer le passage du gué était difficile, mais peut-être encore possible. Lefebvre de Saint-Remy dit lui-même que les Français étaient loin d’être prêts. Le troisième parti, c’était de s’engager dans les terres, en remontant la Somme jusqu’à ce qu’on trouvât un passage. Ce parti eût été le plus hasardeux des trois, si les Anglais n’eussent eu intelligence dans le pays. Mais il ne faut pas perdre de vue que, depuis 1406, la Picardie était sous l’influence du duc de Bourgogne ; qu’il y avait nombre de vassaux, que les capitaines des villes devaient craindre de lui déplaire, et qu’il venait de leur défendre d’armer contre les Anglais. Ceux-ci, venus sur les vaisseaux de Hollande et de Zélande, avaient dans leurs rangs des gens du Hainaut ; des Picards s’y joignirent, et peut-être les guidèrent[1].

L’armée, peu instruite des facilités qu’elle trouverait dans cette entreprise si téméraire en apparence,

  1. App. 169.