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HISTOIRE DE FRANCE

s’éloigna de la mer avec inquiétude. Les Anglais étaient partis le 9 d’Harfleur ; le 13, ils commencèrent à remonter la Somme. Le 14, ils envoyèrent un détachement pour essayer le passage de Pont-de-Remy ; mais ce détachement fut repoussé ; le 15, ils trouvèrent que le passage de Pont-Audemer était gardé aussi. Huit jours étaient écoulés au 17, depuis le départ d’Harfleur, mais au lieu d’être à Calais, ils se trouvaient près d’Amiens. Les plus fermes commençaient à porter la tête basse ; ils se recommandaient de tout leur cœur à saint Georges et à la sainte Vierge. Après tout, les vivres ne manquaient pas. Ils trouvaient à chaque station du pain et du vin ; à Boves, qui était au duc de Bourgogne, le vin les attendait en telle quantité que le roi craignit qu’ils ne s’enivrassent.

Près de Nesles, les paysans refusèrent les vivres et s’enfuirent. La Providence secourut encore les Anglais. Un homme du pays vint dire[1] qu’en traversant un marais, ils trouveraient un gué dans la rivière. C’était un passage long, dangereux, auquel on ne passait guère. Le roi avait ordonné au capitaine de Saint-Quentin de détruire le gué, et même d’y planter des pieux, mais il n’en avait rien fait.

Les Anglais ne perdirent pas un moment. Pour faciliter le passage, ils abattirent les maisons voisines, jetèrent sur l’eau des portes, des fenêtres, des échelles, tout ce qu’ils trouvaient. Il leur fallut tout un jour ; les

  1. App. 170.